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de lui dans les ténèbres, s’était laissé conduire. Thérèse l’avait mis au fait en chemin ; puis, le laissant à la porte de la chambre, elle s’en était allée, par discrétion, attendre le jour quelque part, ne manquant pas de connaissances dans une maison où elle avait servi.



CHAPITRE XI


Aubades. Fâcheux réveil d’Éléonore.


Le lecteur peut être impatient d’apprendre ce qui arriva de la culotte de Caffardot, si méchamment installée chez l’innocente Éléonore ; je supprime, pour le satisfaire, les détails de ce qui put encore se passer entre le somnambule et moi.

Nous fûmes d’avis qu’il fallait attirer, sans affectation, le plus de monde que l’on pourrait à l’appartement de la belle avant qu’il y fît jour. À l’ouverture des volets, une culotte rouge, vue de tous les yeux, devait produire un effet admirable. Il ne s’agissait, pour amener ce grand coup de théâtre, que d’éveiller de bonne heure M. le président et de lui proposer de surprendre agréablement les dames par de petites aubades à leurs portes. Le chevalier jouant du violon et le président de la basse de viole, le galant vieillard ne pouvait manquer de goûter l’heureuse idée de cet éveil romanesque.

En conséquence, d’Aiglemont se rendit de bonne heure chez notre hôte avec son violon ; la triste basse de viole fut tirée de son étui poudreux : on répéta quelques vaudevilles surannés et l’on se mit en marche. Sylvina fut gratifiée la première d’une forlane, d’une gavotte et de deux courantes, le tout avec des sourdines, par respect pour le sommeil de