Page:Nerciat - Félicia.djvu/157

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de tout, s’excusant sur ce qu’elle avait perdu la tête. Nous savions par expérience combien il était difficile de la conserver avec notre Adonis.

La conversation se fixa sur la matière agitée ; Mme Dupré montrait, par son attention, son sourire et ses questions ingénues, qu’elle avait les plus heureuses dispositions de devenir bientôt une femme de plaisir. Aussi facile à consoler que prompte à s’affliger, elle ne voyait déjà plus dans ce fripon de chevalier, si détestable un quart d’heure auparavant, qu’un homme charmant, avec qui les femmes qu’il attrapait ne pouvaient encore que s’applaudir d’avoir fait de voluptueuses extravagances.




CHAPITRE XXVII


Jalousie des sœurs Fiorelli. — Malheur dont Argentine
et le chevalier sont menacés.


Les lecteurs, accoutumés à mon exactitude, m’accuseraient peut-être d’en manquer ici si j’omettais de les mettre au fait des motifs qu’avaient eus les sœurs Fiorelli de se conduire si sagement à notre partie, tandis que les autres acteurs s’étaient livrés, chacun à sa manière, à toute la fougue de leur tempérament. Ces demoiselles, dira-t-on, furent bien réservées pour des Italiennes et pour des actrices. Comment la contagion de l’exemple ne les gagna-t-elle pas ? Camille remplit pieusement un devoir filial, s’expose à des persécutions, les endure patiemment ; Argentine ne cède ni aux vapeurs du vin, ni à l’éloquence persuasive, ni même à l’art d’un prélat aimable et vigoureux ; les scènes lascives qui se succèdent rapidement autour d’elle n’allument point ses désirs ? Quelle invraisemblance !… Un moment.