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avait eu d’abord la complaisance de s’y prêter, mais que, bientôt obsédé et trouvant d’ailleurs peu de ressources dans l’esprit de cette bacchante, il l’avait quittée pour la gentille Thérèse. Celle-ci était, selon lui, le plus friand morceau dont un vrai connaisseur pût goûter. Sa fraîcheur, sa fermeté, rétablies depuis les remèdes, lui donnaient tous les attraits d’une femme neuve ; sa jouissance avait mille délices qu’il loua jusqu’à me donner un peu d’humeur. On sait que Thérèse n’était pas sotte ; elle aimait le plaisir à la fureur et savait rendre au centuple celui qu’on lui procurait. Le chevalier prétendait qu’il ne manquait à cette rare soubrette que d’appartenir à quelque homme à la mode qui lui donnât de la célébrité. Il se proposait de lui rendre ce service dès que nous serions de retour à Paris.




CHAPITRE XXIII


Absence de sir Sydney. — Comment le beau Monrose
est de nouveau poursuivi par son étoile.


J’eus encore, avec le charmant d’Aiglemont, et même avec Monrose, quelques entrevues secrètes, sans que sir Sydney s’en doutât le moins du monde ; nos passades ne se faisaient jamais chez moi, nous choisissions des lieux écartés où nous ne pouvions être surpris.

Sur ces entrefaites, sir Sydney reçut de Paris des nouvelles intéressantes qui l’y rappelaient pour quelque temps ; il nous laissa maîtres chez lui et nous pria de vivre en joie en attendant son retour. Sa confiance en moi était sans bornes ; il m’abandonna en partant toutes ses clefs et ne mit aucunes limites à l’usage que j’en pourrais faire. Dès le même soir, je reçus chez moi le cher d’Aiglemont,