Page:Nerciat - Félicia.djvu/235

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fortune m’épargnèrent l’horreur de craindre l’indigence. Cependant je ne laissais pas de sentir combien un sort assuré devait être agréable, et sans un excès de délicatesse, où, sans doute, il entrait beaucoup d’amour-propre, j’aurais accepté tout de bon les offres de milord Sydney… Mais on verra par la suite comment mes scrupules furent levés… Je pense un peu tard que voilà sans contredit un ennuyeux chapitre ; que du moins il ne soit pas plus long.




CHAPITRE XXVIII


De l’étranger. — Son histoire.


À force d’art, l’habile homme qui avait entrepris de sauver les jours de notre infortuné réussit à peu près. — Mais, nous dit le docteur, ses blessures sont de nature à lui laisser pour la vie des incommodités fâcheuses ; le sujet est d’ailleurs usé par les passions et détérioré au point que je ne réponds pas qu’il vive longtemps. Il sera même plus heureux pour lui de mourir bientôt que de souffrir encore peut-être un an ou deux, au bout desquels il faudra toujours qu’il périsse. — Le malade lui-même ne faisait point de cas de la vie. On était obligé de le garder à vue, et ce n’avait été qu’à force de prières et par le charme de ma ressemblance avec cette femme qu’il aimait si passionnément que j’avais obtenu sa parole d’honneur de faire tout ce qu’on lui prescrirait et de ne plus attenter à ses jours. — Il est cruel de vous obéir, me répondait-il, soyez assurée, madame, que vous ne me forceriez point à vivre si je pouvais désormais mourir sans être méprisé de vous… de vous, l’être le plus adorable, l’être qui réunit à tout ce que la divine de Kerlandec a de ravissant la seule chose qui lui