Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/167

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Mon Dieu ! mon Dieu ! je suis allé vous voir un instant… Quoi ! vous n’êtes pas si irritée que je le craignais ! Quoi ! vous avez encore un sourire pour ma présence, un doux rayon de soleil pour mes yeux ! et j’emporte avec moi cet espoir imprévu, de peur d’être détrompé par un mot ! Insensé que je suis toujours, moi qui me croyais déjà plus sage !… un regard m’abat, un souffle me relève et je ne me sens fort que loin de vos yeux !

Oui, j’ai mérité d’être humilié par vous ! oui, je dois payer encore de beaucoup de souffrances l’instant d’orgueil auquel j’ai cédé !… Ah ! c’était une risible ambition que celle de me croire quelque chose près d’une femme de votre mérite et de votre beauté !

Prétendre vous prêter l’appui de je ne sais quelle puissance que j’ai sur d’autres et vous parler comme un roi couronné, au nom de cette misérable autorité ! Eussiez-vous réduit trop bas l’insignifiance