Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/190

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Permettez-moi de me rapprocher de vous, après vous avoir donné le temps d’oublier mes folies. J’ai respecté vos ordres ; j’ai mis à me calmer toutes les forces de mon âme ; je n’espère et n’attends de vous pour ce soir qu’un signe de pardon, un mot de bonté… J’ai attendu, pour vous voir, le jour où tout le monde en a le droit, pour vous parler, le jour où beaucoup d’autres en ont le privilège… Ne redoutez rien de ma présence et de mes paroles ; enfin, quelques jours ont calmé mes agitations qu’il vous a été plus facile de comprendre que d’excuser, peut-être ; j’ai appris à redevenir courageux et patient. Je ne veux plus compromettre, en quelques heures, toutes les chances d’une destinée à laquelle vous avez paru prendre quelque intérêt et je me suis dit souvent que, dans l’affection que je vous porte, il y a trop de passé pour qu’il n’y ait pas beaucoup d’avenir.

J’avais résolu de ne pas vous écrire : en manquant à cette résolution, je m’expose encore à un danger d’où votre indulgence peut me sauver…