Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/72

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la froide réflexion, c’est dans la pensée religieuse que l’on doit chercher des secours ; — je n’en ai jamais pu trouver dans cette philosophie qui ne nous présente que des maximes d’égoïsme ou tout au plus de réciprocité, une expérience vaine, des doutes amers ; — elle lutte contre les douleurs morales en anéantissant la sensibilité ; pareille à la chirurgie, elle ne sait que retrancher l’organe qui fait souffrir. — Mais pour nous, nés dans des jours de révolutions et d’orages, où toutes les croyances ont été brisées — élevés tout au plus dans cette foi vague qui se contente de quelques pratiques extérieures, et dont l’adhésion indifférente est plus coupable peut-être que l’impiété et l’hérésie, — il est bien difficile, dès que nous en sentons le besoin, de reconstruire l’édifice mystique dont les innocents et les simples admettent dans leurs cœurs la ligne toute tracée. « L’arbre de science n’est pas l’arbre de vie ! » Cependant, pouvons-nous rejeter de notre esprit ce que tant de générations intelligentes y ont versé de bon ou de funeste ? L’ignorance ne s’apprend pas.

J’ai meilleur espoir de la bonté de Dieu : peut-être touchons-nous à l’époque prédite où la science, ayant accompli son cercle entier de synthèse et d’analyse, de croyance et de négation, pourra s’épurer elle-même et faire jaillir du désordre et des