Page:Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome premier.djvu/15

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Tout ce qui est donné ici pour principe, est en effet digne de ce nom, ce sont les premiers ressorts de la nature, inconnus avant lui : et il n’est plus permis de prétendre à être Physicien sans les connoître.

Il faut donc bien se garder d’envisager ce Livre comme un systême, c’est-à-dire comme un amas de probabilités qui peuvent servir à expliquer bien ou mal quelques effets de la Nature.

S’il y avait encore quelqu’un d’assez absurde pour soutenir la matière subtile et la matière cannellée, pour dire que la terre est un soleil encrouté, que la lune a été entraînée dans le tourbillon de la terre, que la matière subtile fait la pesanteur, et toutes ces autres opinions romanesques substituées à l’ignorance des Anciens, on diroit : Cet homme est Cartésien. S’il croyait aux monades, on dirait : Il est Léibnitien ; mais on ne dira pas de celui qui sçait les éléments d’Euclide, qu’il est Euclidien : ni de celui qui sçait d’après Galilée en quelle proportion les corps tombent, qu’il est Galiléiste. Aussi en Angleterre ceux qui ont appris le calcul infinitésimal, qui ont fait les expériences de la lumière, qui ont appris les loix de la gravitation, ne sont point appellés Newtoniens : c’est le privilège de l’erreur de donner son nom à une Secte.

Si Platon avoit trouvé des vérités, il n’y eût point eu de Platoniciens, et tous les hommes auroient appris peu à peu ce que Platon avoit enseigné ; mais parce que dans l’ignorance qui couvre la terre, les uns s’attachoient à une erreur, les autres à une autre, on combattoit sous différents étendards : il y avoit