Page:Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome premier.djvu/18

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raut a mis la main, ne fût pas excellent en son genre.

Autant qu’on doit s’étonner qu’une femme ait été capable d’une entreprise qui demandoit de si grandes lumières et un travail si obstiné, autant doit-on déplorer sa perte prématurée. Elle n’avoit pas encore entièrement terminé le Commentaire, lorsqu’elle prévit que la mort pouvoit l’enlever ; elle étoit jalouse de sa gloire et n’avoit point cet orgueil de la fausse modestie, qui consiste à paraître mépriser ce qu’on souhaite, et à vouloir paraître supérieure à cette gloire véritable, la seule récompense de ceux qui servent le Public, la seule digne des grandes âmes, qu’il est beau de rechercher, et qu’on n’affecte de dédaigner que quand on est incapable d’y atteindre.

Elle joignit à ce goût pour la gloire, une simplicité qui ne l’accompagne pas toujours, mais qui est souvent le fruit des études sérieuses. Jamais femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle, C’est une femme savante : elle ne parloit jamais de science qu’à ceux avec qui elle croyoit pouvoir s’instruire, et jamais n’en parla pour se faire remarquer. On ne la vit point rassembler de ces Cercles où il se fait une guerre d’esprit, où l’on établit une espèce de tribunal, où l’on juge son siècle, par lequel, en récompense, on est jugé très sévèrement. Elle a vécu longtemps dans des sociétés où l’on ignoroit ce qu’elle étoit, et elle ne prenoit pas garde à cette ignorance.

Née avec une éloquence singulière, cette élo-