Page:Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome premier.djvu/20

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L’étude de sa Langue fut une de ses principales occupations : il y a d’elle des remarques manuscrites, dans lesquelles on découvre, au milieu de l’incertitude de la Grammaire, cet esprit philosophique qui doit dominer par tout, & qui est le fil de tous les labyrinthes.

Parmi tant de travaux que le savant le plus laborieux eût à peine entrepris, qui croiroit qu’elle trouvât du tems, non seulement pour remplir tous les devoirs de la société, mais pour en rechercher avec avidité tous les amusemens? Elle se livroit au plus grand monde comme à l’étude : tout ce qui occupe la société étoit de son ressort, hors la médisance. Jamais on ne l’entendit relever un ridicule, elle n’avoit ni le tems, ni la volonté de s’en appercevoir ; & quand on lui disoit que quelques personnes ne lui avoient pas rendu justice, elle répondoit qu’elle vouloit l’ignorer. On lui montra un jour je ne sais quelle misérable brochure dans laquelle un auteur, qui n’étoit pas à portée de la connoître, avoit osé mal parler d’elle. Elle dit que si l’auteur avoit perdu son tems à écrire ces inutilités, elle ne vouloit pas perdre le sien à les lire, & le lendemain ayant su qu’on avoit renfermé l’auteur de ce libelle, elle écrivit en sa faveur, sans qu’il l’ait jamais su.

Elle fut regrettée à la Cour de France, autant qu’on peut l’être dans un pays où les intérêts personnels font si aisément oublier tout le reste. Sa mémoire a été précieuse à tous ceux qui l’ont connue particuliérement, & qui ont été à portée de voir l’étendue de son esprit & la grandeur de son ame.