Page:Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome premier.djvu/30

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Déjà ces tourbillons, l’un par l’autre préssés,
Se mouvant sans espace, & sans régles entassés.
Ces fantômes savans à mes yeux disparoissent.
Un jour plus pur me luit ; les mouvemens renaissent ;
L'espace, qui de Dieu contient l’immensité,
Voit rouler dans son sein l’Univers limité,
Cet Univers si vaste à notre foible vue,
Et qui n’est qu’un atôme, un point dans l’étendue.

Dieu parle, & le cahos se dissipe à sa voix.
Vers un centre commun tout gravite à la fois.
Ce ressort si puissant, l’ame de la nature,
Etoit enseveli dans une nuit obscure.
Le compas de Newton, mesurant l’Univers,
Leve enfin ce grand voile, & les Cieux sont ouverts.

Il découvre à mes yeux, par une main savante,
De l’astre des saisons la robe étincelante ;
L’émeraude, l’azur, le pourpre, le rubis,
Sont l’immortel tissu dont brillent ses habits.
Chacun de ses rayons dans sa substance pure,
Porte en foi les couleurs dont se peint la nature,
Et confondus ensemble ils éclairent nos yeux,
Ils animent le monde, ils emplissent les Cieux.

Confidens du Très-haut, substances éternelles,
Qui brûlez de ses feux, qui couvrez de vos aîles
Le Trône où votre Maître est assis parmi vous,
Parlez ; du grand Newton n’étiez-vous point jaloux ?

La mer entend sa voix. Je vois l’humide empire
S’élever, s’avancer vers le Ciel qui l’attire :
Mais un pouvoir central arrête ses efforts ;
La mer tombe, s’affaisse, & roule vers ses bords.