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Sur le Mont des Oliviers.
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L’hiver, hôte malin, est assis dans ma demeure ; mes mains sont bleues de l’étreinte de son amitié.

Je l’honore, cet hôte malin, mais j’aime à le laisser seul. J’aime à lui échapper ; et si l’on court bien, on finit par lui échapper !

Avec les pieds chauds, les pensées chaudes, je cours où le vent se tient coi, — vers le coin ensoleillé de mon mont des Oliviers.

C’est là que je ris de mon hôte rigoureux, et je lui suis reconnaissant d’attraper chez moi les mouches et de faire taire beaucoup de petits bruits.

Car il n’aime pas à entendre bourdonner une mouche, ou même deux ; il rend solitaire jusqu’à la rue, en sorte que le clair de lune se met à y avoir peur la nuit.

Il est un hôte dur, — mais je l’honore, et je ne prie pas le dieu ventru du feu, comme font les efféminés.

Il vaut mieux encore un peu claquer des dents que d’adorer des idoles ! — telle est ma nature. Et j’en veux surtout à tous les dieux du feu, à l’esprit ardent, bouillonnant et morne.