Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    410    

Sur la place publique on persuade par des gestes. Mais les raisons rendent la populace méfiante.

Et is la vérité a une fois remporté la victoire là-bas, demandez-vous alors avec une bonne méfiance : « Quelle grande erreur a combattu pour elle ? »

Gardez-vous aussi des savants ! Ils vous haïssent : car ils sont stériles ! Ils ont des yeux froids et secs, devant eux tout oiseau est déplumé.

Ceux-ci se vantent de ne pas mentir : mais l’incapacité de mentir est encore bien loin de l’amour de la vérité. Gardez-vous !

L’absence de fièvre est bien loin d’être de la connaissance ! Je ne crois pas aux esprits réfrigérés. Celui qui ne sait pas mentir, ne sait pas ce que c’est que la vérité.

*
*           *


10.

Si vous voulez monter haut, servez-vous de vos propres jambes ! Ne vous faites pas porter en haut, ne vous asseyez pas sur le dos et la tête d’autrui !

Mais toi, tu es monté à cheval ! {{{2}}}-tu maintenant, avec une bonne allure vers ton but ? Eh bien, mon ami ! mais ton pied boiteux est aussi à cheval !

Quand tu seras arrivé à ton but, quand tu sauteras de ton cheval : c’est précisément sur ta hauteur, homme supérieur, — que tu trébucheras !


*
*           *