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« Et que fait le saint dans les bois ? » demanda Zarathoustra.

Le saint répondit : « Je fais des chants et je les chante, et quand je fais des chants, je ris, je pleure et je murmure : c’est ainsi que je loue Dieu.

Avec des chants, des pleurs, des rires et des murmures, je loue Dieu qui est mon Dieu. Cependant quel présent nous apportes-tu ? »

Lorsque Zarathoustra eut entendu ces paroles, il salua le saint et lui dit : « Qu’aurais-je à vous donner ? Mais laissez-moi partir en hâte, afin que je ne vous prenne rien ! » — Et c’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, le vieillard et l’homme, riant comme rient deux petits garçons.

Mais quand Zarathoustra fut seul, il parla ainsi à son cœur : « Serait-ce possible ! Ce vieux saint dans sa forêt n’a pas encore entendu que Dieu est mort ! »

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3.

Lorsque Zarathoustra arriva dans la ville voisine qui se trouvait le plus près des bois, il y trouva une grande foule rassemblée sur la place publique : car on avait annoncé qu’on y verrait un danseur de corde. Et Zarathoustra parla au peuple et lui dit :

Je vous enseigne le Surhumain. L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le surmonter ?

Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flux et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme ?