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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

essayant avec science ; pour celui qui cherche la connaissance tous les instincts se sanctifient ; l’âme de celui qui est élevé se réjouit.

Médecin, aide-toi toi-même et tu sauras secourir ton malade. Que ce soit son meilleur secours de voir, de ses propres yeux, celui qui se guérit lui-même.

Il y a mille sentiers qui n’ont jamais été parcourus, mille santés et mille terres cachées de la vie. L’homme et la terre des hommes n’ont pas encore été découverts et épuisés.

Veillez et écoutez, solitaires. Des souffles aux essors secrets viennent de l’avenir ; un joyeux messager cherche de fines oreilles.

Solitaires d’aujourd’hui, vous qui vivez séparés, vous serez un jour un peuple. Vous qui vous êtes choisis vous-mêmes, vous formerez un jour un peuple choisi — et c’est de ce peuple que naîtra le Surhumain.

En vérité, la terre deviendra un jour un lieu de guérison ! Et déjà une odeur nouvelle l’enveloppe, une odeur salutaire, — et un nouvel espoir !


3.


Quand Zarathoustra eut prononcé ces paroles, il se tut, comme quelqu’un qui n’a pas dit son dernier mot. Longtemps il soupesa son bâton avec hésitation. Enfin il parla ainsi et sa voix s’était transformée :

Je m’en vais seul maintenant, mes disciples !