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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

les coups de pieds divins ou devant des hommes et de stupides opinions d’hommes : à toute servilité il crache au visage, ce bienheureux égoïsme !

Mauvais : — c’est ainsi qu’elle appelle tout ce qui est abaissé, cassé, chiche et servile, les yeux clignotants et soumis, les cœurs contrits, et ces créatures fausses et fléchissantes qui embrassent avec de larges lèvres peureuses.

Et sagesse fausse : — c’est ainsi qu’elle appelle tous les bons mots des valets, des vieillards et des épuisés ; et surtout l’absurde folie pédante des prêtres !

Les faux sages, cependant, tous les prêtres, ceux qui sont fatigués du monde et ceux dont l’âme est pareille à celle des femmes et des valets, — ô comme leurs intrigues se sont toujours élevées contre l’égoïsme !

Et ceci précisément devait être la vertu et s’appeler vertu, qu’on s’élève contre l’égoïsme ! Et « désintéressés » — c’est ainsi que souhaitaient d’être, avec de bonnes raisons, tous ces poltrons et toutes ces araignées fatiguées de vivre !

Mais c’est pour eux tous que vient maintenant le jour, le changement, l’épée du jugement, le grand midi : c’est là que bien des choses seront manifestes !

Et celui qui glorifie le Moi et qui sanctifie l’égoïsme, celui-là en vérité dit ce qu’il sait, le devin « Voici, il vient, il s’approche, le grand midi ! »

Ainsi parlait Zarathoustra.