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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

de toi, ni les mendiants, ni les rois. Tu laisses venir à toi les petits enfants et si les pécheurs veulent te séduire tu leur dis simplement I-A.

— Et l’âne de braire : I-A.

Tu aimes les ânesses et les figues fraîches, tu n’es point difficile pour ta nourriture. Un chardon te chatouille le cœur lorsque tu as faim. C’est là qu’est ta sagesse de Dieu.

— Et l’âne de braire I-A.



LA FÊTE DE L’ÂNE


1.


En cet endroit de la litanie cependant, Zarathoustra ne put se maîtriser davantage. Il cria lui-même : I-A à plus haute voix encore que l’âne et sauta au milieu de ses hôtes devenus fous. « Mais que faites-vous donc là — enfants des hommes ? s’écria-t-il en soulevant de terre ceux qui priaient. Malheur à vous, si quelqu’un d’autre que Zarathoustra vous regardait :

Chacun jugerait que vous êtes devenus, avec votre foi nouvelle, les pires des blasphémateurs, ou les plus insensées de toutes les vieilles femmes !

Et toi-même, vieux pape, comment es-tu d’accord avec toi-même en adorant ainsi un âne comme s’il était Dieu ? » —