Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/132

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de pouvoir attribuer un honneur... Le sentiment intensifié de bonheur et de vie est aussi un sentiment de puissance intensifié: c'est en partant de ce sentiment que l'homme loue ( - qu'il invente et cherche un auteur, un " sujet " - ). La reconnaissance est la bonne vengeance: exigée et exercée le plus sévèrement là où l'égalité et la fierté doivent être maintenues en même temps, là où l'on exerce le mieux la vengeance.

344.

Tout ce qui vient de la faiblesse ne vaut rien, tout ce qui vient du doute à l'égard de soi-même et de l'âme maladive - et si cela se manifeste par le plus grand mépris des biens de la terre, cela ne vaut encore rien, car c'est alors un exemple qui empoisonne la vie... Le regard du prêtre, son existence blême et à l'écart ont fait plus de mal à la vie que toute son abnégation n'a eu d'utilité: une pareille existence à l'écart calomnie la vie.

345.

Que l'on mette en jeu sa vie, sa santé, son honneur, c'est la conséquence de l'orgueil et de la volonté débordante et dissipatrice. Ce n'est pas par amour des hommes que l'on agit ainsi, mais parce que tout grand danger provoque notre curiosité pour ce qui concerne la mesure de notre force, de notre courage.