Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/157

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les hommes réceptifs à l'art qui ont formulé leurs expériences au sujet de ce qui est beau... Cela, est, comme l'indique ce qui précède, une erreur nécessaire: car l'artiste qui commencerait à comprendre se méprendrait, - il n'a pas à regarder en arrière, il n'a pas à regarder du tout, il doit donner. - C'est à l'honneur de l'artiste d'être incapable de critique, - autrement il n'est ni chair ni poisson, il est "moderne"...

361.

Il y a des états qui nous font transfigurer les choses et leur prêter de la plénitude; notre imagination travaille alors sur elles jusqu'à ce qu'elles reflètent notre propre plénitude et notre propre joie de vivre: l'instinct sexuel, l'ivresse, le repos, le printemps, la victoire sur l'ennemi, les sarcasmes, l'air de bravoure, la cruauté, l'extase du sentiment religieux. Il faut surtout considérer trois éléments: l'instinct sexuel, l'ivresse, la cruauté, - qui tous trois appartiennent à la plus ancienne allégresse de fête chez l'homme, dominant de la même façon chez l'" artiste " à son aurore.

D'autre part, lorsque nous nous tenons en présence de choses qui affirment cette transfiguration et cette plénitude notre être animal répond par une irritation des sphères où tous ces états de plaisir ont leur siège: - et le mélange des très subtiles nuances de ce bien-être animal et de ces