Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/196

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Le nombre des déments, des criminels et des " naturalistes " augmente: c'est le signe d'une culture grandissante qui s'avance à pas de géant, - c'est-à-dire que le rebut, les déchets, les excréments prennent de l'importance - le courant descendant tient le pas.

Il y a enfin le brouillamini social, conséquence de la Révolution, de l'établissement des droits égaux, de la superstition de " l'égalité entre les hommes ". On voit se confondre les représentants des instincts de décomposition (du ressentiment, du mécontentement, de la destruction, de l'anarchisme, du nihilisme), avec ceux d'esclavage, de lâcheté, de ruse, les instincts canailles des couches longtemps maintenues en bas; tout cela se mêle au sang de toutes les classes: après deux ou trois générations la race est méconnaissable, - tout est encanaillé. De tout cela résulte un instinct général qui se dirige contre le choix, contre les privilèges de tout ordre, et cet instinct agit avec tant de puissance et de sûreté, il est si dur et si cruel dans la pratique, que les privilégiés eux-mêmes finissent par se soumettre de fait. Ce qui veut se maintenir dans la puissance flatte la populace, travaille avec la populace, est forcé d'avoir la populace de son côté, - les " génies " avant tout: ils deviennent les hérauts des sentiments, qui servent à enthousiasmer la masse, - le ton de pitié, la vénération même en face de tout ce qui souffre,