Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/237

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qu'elles rendent un son creux: quelle naïveté d'exiger des choses grandes et rares et de constater avec colère et mépris contre les hommes qu'il n'y en a pas ! - Il est, par exemple, évident qu'un mariage vaut tout juste ce que valent ceux qui l'ont conclu, c'est-à-dire que, somme toute, il sera quelque chose de lamentable et d'indécent: ni le prêtre, ni le maire ne peuvent en faire autre chose.

La vertu a contre elle tous les instincts de l'homme moyen: elle est désavantageuse, déraisonnable, elle isole; elle est du même ordre que la passion et peu accessible à la raison; elle gâte le caractère, le cerveau, le sens, - toujours selon les mesures moyennes de l'homme; elle crée l'animosité contre l'ordre,

le mensonge caché dans toute règle, dans toute institution, dans toute réalité, - elle est le pire vice, en admettant qu'on la juge d'après le caractère nuisible qu'elle peut avoir pour les autres.

Je reconnais la vertu en cela: 1) qu'elle ne s'impose pas, 2) qu'elle ne suppose pas partout la vertu, mais précisément autre chose, 3) qu'elle ne souffre pas de l'absence de la vertu, mais qu'elle considère cette absence comme un rapport de distance grâce à quoi il y a quelque chose de vénérable dans la vertu (elle ne se communique pas), 4) qu'elle ne fait pas de propagande... 5) qu'elle ne permet à personne de faire le juge, parce qu'elle