Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/245

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le " Principe " à la main: " C'est justement ces actions-là qu'il faut faire, pour que d'autres personnes ne nous devancent pas, - pour mettre les autres hors d'état de nous les faire ? " - Songeons, d'autre part, au Corse à qui son honneur commande la vendetta. Lui aussi ne désire par recevoir une balle de fusil, mais la perspective d'un mauvais coup, la probabilité d'une balle ne l'empêchent pas de satisfaire à son honneur... Dans toutes nos actions convenables, ne sommes-nous pas, avec intention, indifférents à ce qui peut en advenir pour nous ? Éviter une action qui puisse avoir pour nous des conséquences nuisibles, ce serait s'interdire d'une façon générale toutes les actions convenables...

Le précepte est par contre sans prix parce qu'il laisse deviner un type humain: c'est l'instinct de troupeau qui s'y formule, - on est des égaux, on se traite en égaux: ce que tu me fais je te le fais. - On croit donc véritablement à une équivalence d'actions qui évidemment ne se présente pas dans tous les rapports réels. Il est impossible que toute action puisse être rendue: entre vrais " individus " il n'y a pas d'actions similaires, il n'y a, par conséquent, pas non plus de " représailles "... Bien loin de moi l'idée de croire, lorsque je fais quelque chose, qu'un autre homme puisse faire la même chose: ce que je fais m'appartient, à moi... On ne peut rien me rendre, on commettrait toujours, à mon égard, une " autre " action.