Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/270

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joie qu'il y a à dire non, à agir non, lorsqu'on est guidé par une force prodigieuse, par une tension énorme de l'affirmation, - ce qui est particulier à tous les hommes puissants, à toutes les époques vigoureuses. C'est en quelque sorte un luxe et aussi une forme de la bravoure qui s'oppose à ce qui est terrible; une sympathie pour l'épouvantable et le problématique, parce que l'on est soi-même, avec beaucoup d'autres choses, épouvantable et problématique: ce qu'il y a de dionysien dans la volonté, l'esprit et le goût.

468.

De la pression que provoque la plénitude, de la tension des forces qui grandissent sans cesse en nous, et ne savaient pas encore s'employer, naît un état semblable à celui qui précède un orage: la nature que nous sommes s'obscurcit. Cela aussi est du pessimisme... Une doctrine qui met fin à un pareil état en commandant quelque chose: une transmutation des valeurs au moyen de quoi on montre, aux forces accumulées, un chemin, une direction, de sorte qu'elles se mettent à éclater en éclairs et en actions, - une pareille théorie n'a nullement besoin d'être une théorie du bonheur: en dégageant une partie de la force qui était accumulée et haussée jusqu'à la souffrance, elle apporte du bonheur.