Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/37

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que le " bien de l'espèce "; on ne sacrifie pas le premier au second; l'espèce, vue de loin, est quelque chose d'aussi inconsistant que l'individu. La " conservation de l'espèce " est seulement une conséquence de la croissance de l'espèce, ce qui équivaut à une victoire sur l'espèce, en s'acheminant vers une espèce plus forte.

Dès que nous nous imaginons quelqu'un qui est responsable du fait que nous sommes conformés de telle ou telle manière (Dieu, la nature), lui attribuant notre existence, notre bonheur et notre nature, comme si c'étaient là des intentions de sa part, nous gâtons, pour nous, l'innocence du devenir. Nous avons alors quelqu'un qui veut atteindre quelque chose pour nous et par nous.

La " finalité " apparente (" cette finalité infiniment supérieure à tout art humain ") n'est que la conséquence de cette volonté de puissance qui se déroule dans tout ce qui arrive -; le fait de devenir plus fort entraîne avec lui des conditions qui ressemblent à une ébauche de finalité - ; les fins apparentes ne sont pas intentionnelles, mais dès qu'il y a prépondérance sur une puissance plus faible, en sorte que celle-ci travaille comme fonction de la puissance plus forte, il s'établit une hié