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scintillement d'or au ventre du serpent de la vie.

293.

Critique des concepts " monde-vérité " et " monde-apparence ". - Le premier n'est qu'une simple fiction, formée de choses purement imaginaires.

L'" apparence " appartient même à la réalité: elle est une des formes de son essence; c'est-à-dire que, dans un monde où il n'y a pas d'être, il faut que, par l'apparence, soit préalablement créé un certain monde évaluable de cas identiques: une allure où l'observation et la comparaison seraient possibles, etc...

... L'" apparence " est un monde apprêté et simplifié, auquel nos instincts pratiques ont travaillé: il est pour nous parfaitement vrai, car nous y vivons, nous pouvons y vivre: preuve de sa vérité pour nous...

... Le monde, abstraction faite de notre condition d'y vivre, le monde que nous n'avons pas réduit à notre être, notre logique et nos préjugés psychologiques n'existe pas comme monde en " soi "; il est essentiellement un monde de relations, regardé à un point différent, il prend chaque fois visage nouveau: son être est essentiellement différent à chaque point; il appuie sur chaque point, chaque point lui résiste - et ces additions sont dans chaque cas parfaitement incongruentes.