Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/84

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il est tout à fait arbitraire de prétendre que tout tend à passer dans cette forme de la volonté de puissance.

2. La volonté de puissance comme vie

a) Psychologie de la volonté de puissance

303.

L'homme ne cherche pas le plaisir et n'évite pas le déplaisir: on comprend à quel célèbre préjugé je veux contredire ici. Le plaisir et le déplaisir sont de simples conséquences, de simples phénomènes secondaires. Ce que veut l'homme, ce que veut la plus petite parcelle d'organisme vivant, c'est une augmentation de puissance. Dans l'aspiration vers ce but il y a plaisir tout autant que déplaisir; dans chacune de ses volontés l'homme cherche la résistance, il a besoin de quelque chose qui s'oppose à lui... Le déplaisir, entrave de sa volonté de puissance, est donc un facteur normal, l'ingrédient normal de tout phénomène organique; l'homme ne l'évite pas, il en a au contraire besoin sans cesse: toute victoire, tout sentiment de plaisir, tout événement présuppose une résistance surmontée.

Prenons le cas le plus simple, celui de la nutrition primitive: le protoplasma étend ses pseudopodes pour chercher quelque chose qui lui résiste, - non point parce qu'il a faim, mais pour faire agir