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NOA NOA

Au loin, la mer, égayèe de barques indolemment vites, que des jeunes gens dirigent, tantôt à la rame, tantôt par de simples déplacements du corps ; et leurs paréos[1] bleus et blancs, et leurs poitrines cuivrées, et le jaune rouge du bois des barques, font avec l’azur du ciel et le vert et l’orange des flots une harmonie large et gaie, que rythment l’éclair blanc des dents aux fréquents éclats de rire et la frange blanche de la mousse des vagues.

Sur le bord, malgré la chaleur, deux sœurs, qui viennent de se baigner, s’attardent en de gracieuses attitudes animales de repos, et parlent amours d’hier, de demain. Une querelle : un souvenir.

— Eh ! quoi ? tu es jalouse ?

Au fond de l’anse, un jeune tanè, admirable dans l’équilibre de sa force et la justesse de ses proportions, tranche à coups de hache un tronc d’arbre. Sur une barque, disposant les éléments brève traversée, et se penchant, à genoux, le dos horizontal, les bras étendus, sa vahiné nue jusqu’aux hanches, les seins pendants, lourds et fermes et frémissants, garde, en dépit de la posture, une incontestable élégance.

Là bas vers l’intérieur, dans la maison maorie, ouverte, une femme, assise sur ses jambes, devant la porte, le coude

  1. Ceinture : unique vêtement.