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élevée à la mémoire de Pierre Dufrenel, et la gigantesque pyramide du dernier plan appartient à la famille Gémon.



Planche 44


La sépulture des familles Rebut et Ferick a la forme d’un petit temple. La porte en est à jour, et en fer fondu. M. Schwind l’a construit. Celle des familles Isabey et Constantin, dont ce dernier est l’architecte, est en pierre comme l’a précédente. Les ornemens qui la décorent sont exécutés par M. Mouret fils. La colonne placée comme démarcation entre les deux familles, est élevée à la mémoire d’Aristide Constantin, mort pour son pays. Ces deux sépultures sont au Cimetière de l’Est.



Planche 45


Cette sépulture de la famille du baron Demicoud se trouve assez expliquée par les deux élévations, les deux plans et les deux coupes que nous en donnons. Elle est construite en pierre, et placée au Cimetière de l’Est. M. Pierre Clochard en est l’architecte.



Planche 46


Le premier des deux tombeaux ici gravés est celui que Bonaparte fit élever à Desaix dans l’église de l’Hospice du mont Saint-Bernard, où sont déposées les dépouilles mortelles de ce brave général. Son exécution fait beaucoup d’honneur au statuaire Moite. Le sarcophage est en marbre blanc ; il est élevé sur un socle en pierre, sur lequel sont gravés, à la manière égyptienne les attributs de la valeur et de la prudence. Le bas-relief du milieu représente le général expirant sur le champ de bataille de Marengo. Les deux pilastres attiques qui l’encadrent sont ornés des figures du Nil et du Pô, témoins de la gloire de Desaix. Ces deux figures sont d’une sculpture très-douce, pour ne pas nuire au bas-relief principal. Dans la frise on lit cette inscription : A Desaix, mort à la bataille de Marengo. Une couronne héroïque est placée dans le fronton, aux extrémités duquel sont deux petites Victoires ornant de guirlandes des candélabres, symbole de consécration.

La date de la translation au mont Saint-Bernard de ce monument, qui a été exécuté à Paris dans l’atelier de M. Moite, paraît devoir être reportée au 30 prairial an XIII (20 mai 1805).

Le tombeau de J.-J. Rousseau, dont nous donnons ici la gravure, est celui que M. Girardin fit élever en 1780 à Ermenonville, dans l’île des Peupliers, pour recevoir les restes mortels du philosophe qui prépara les esprits au grand drame, dont nous paraissons être arrivés au dénouement. Ce monument est en pierre ; il fait l’honneur à feu Lesueur, statuaire, qui, dans le bas-relief de la face principale du sarcophage, a su parfaitement caractériser l’homme de la nature dont il devait perpétuer le souvenir, et la tendance des écrits.

J.-J. Rousseau, mort le 2 juillet 1778, a été déposé dans l’île des Peupliers, le 4 janvier 1779, et transporté de là au Panthéon le 13 octobre 1791.



Planche 47


Le tombeau en pierre de M. Ch. Emmanuel Sturler ne manque pas de caractère : la sculpture est de M. Matte. Celui d’un jeune Anglais est en marbre, et d’une noble simplicité. Le suivant, élevé au fils du général Diesbach, est heureux de proportion. Par l’image d’un papillon sculpté au milieu d’une couronne, l’artiste semble avoir eu en vue de fixer l’âme du défunt. C’est une idée neuve dont la foule des imitateurs ne manquera pas de s’emparer. Le tombeau de François Cordier est ajusté avec goût et orné d’emblèmes qui caractérisent bien le négociant que la justice, la prudence, la vigilance, la bonne foi ont conduit à la fortune. Ces quatre tombeaux sont au Cimetière de l’Est. Celui élevé au naturaliste Linnée, dans le parc de l’hôtel de Noailles, à Saint-Germain, est en pierre, excepté les deux médaillons, qui sont en marbre.



Planche 48


Le premier de ces monumens est exécuté en pierre, par M. Schwind, sur les dessins de M. Chatillon, architecte. Celui de madame Blanchard est en pierre de Château-Landon. Un balon enflammé, une nacelle dont les cordes sont cassées indiquent assez la fin malheureuse de cette célèbre aéronaute. Le tombeau du comte de Labédoyère est en pierre, son bas-relief en marbre blanc. Sur la surface postérieure on lit cette inscription : Ici repose Charles-Angélique-François Huchet, comte de Labédoyère, né le 17 avril 1786, enlevé à tout ce qui lui était cher, le 19 août 1815. Le quatrième de ces monumens est encore un de ceux que M. Schwind a exécuté. Tous les quatre sont au Cimetière de l’Est. Celui de M. Raymond, architecte, se voit au Cimetière du Nord.



Planche 49


Les hommes qui, comme Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Molière, ont illustré leur pays, cessent en quelque sorte d’avoir une famille propre ; la nation, dont ils font la gloire, devient alors leur mère. A de pareils hommes, il ne faut pas de ces chétifs monumens funéraires qui les laisseraient confondus dans la foule des médiocrités : un temple somptueux devrait honorer leur mémoire. L’assemblée nationale avait senti cette vérité, sans doute, lorsqu’elle décréta que tous les grands hommes de la France seraient déposés au Panthéon après leur mort. Mais cet hommage éclatant rendu au mérite éminent n’aurait pas dû suffire à la reconnaissance nationale. Chacun de ces grands génies aurai dû avoir, pour recevoir ses dépouilles mortelles, un tombeau particulier digne de lui et de la nation qui le lui consacrerait. Que doivent dire les étrangers qui visitent nos monumens, lorsqu’ils voient le luxe des tombeaux des particuliers et la mesquinerie de ceux que nous avons cru devoir élever à nos grands hommes ! Quelle idée peuvent-ils prendre de cette nation qui se croit appelée à régler les mœurs et les institutions des autres peuples ! Voltaire, l’homme unique, universel, n’a pour dernière demeure qu’un misérable sarcophage en bois et en plâtre peint en marbre. Qui le croira ! Ce