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Planche 69


Élévation latérale.


Cette élévation latérale de l’enceinte extérieure de la chapelle, présente une ligne de neuf arcades appuyée à ses extrémités de deux massifs d’une dimension à peu près semblable. L’un, sans ornemens, fait angle avec la façade principale ; l’autre, décoré de deux espèces de tombes qui rappellent celles figurées que cette même façade, se lie au mur qui tourne autour du chevet de la chapelle. Au travers de cette ligne d’arcades à frontons triangulaires et fermées chacune par une grille à hauteur d’appui, on aperçoit cette autre rangée d’arcades à plein cintre, à jour seulement par le haut, qui borde le côté opposé de la galerie dite des tombeaux : ainsi nommée de ce qu’entre chacun de ses piliers est figurée une pierre tumulaire ornée tantôt d’une couronne de chêne, tantôt de feuilles et de têtes de pavots, tantôt de branches de cyprès, pour indiquer que les victimes dont elles doivent perpétuer le souvenir appartiennent à toutes les classes de la société. Derrière le mur qui lie ces arcades, est la terre sacrée. Le jour mystérieux qui pénètre dans ces galeries ajoute à la mélancolie que le spectateur éprouve à la vue de cette continuité de tombes semblables, rappelant toutes une même époque, et une époque où chaque famille a perdu par la même cause quelqu’un des siens, Ici, comme dans toutes les autres parties du monument, on admire et la pensée et la manière dont elle est rendue. Il n’est pas un accessoire, si peu important qu’il soit, qui ne tende au complément de l’expression de cette pensée ; tels sont, entre autres, ces flambeaux placés extérieurement, entre chaque arcade, pour masquer les conduits qui servent à l’écoulement des eaux pluviales, afin que rien de trivial ne vienne choquer la vue, et détruire l’impression noble que ce monument est destiné à produire.


Planche 70


Coupe sur la longueur.


Par cette coupe on peut se rendre compte des inégalités du terrain et de l’heureux parti que M. Fontaine en a su tirer pour produire cet effet neuf, pittoresque, théâtral peut-être, mais grandiose, mais majestueux, que présente sa composition. Une partie de cet effet extraordinaire, il le doit à un jeu de lumière et d’ombre artistement combiné, à l’obscurité dans laquelle il a tenu son vestibule, où la lumière ne pénètre que par les portes ; à ce clair-obscur répandu dans ses galeries de tombeaux, dont l’effet austère produit sur le spectateur un sentiment irrésistible de tristesse, de piété, de compassion. Vu de la place, au travers du vestibule, le péristyle du temple brille d’un éclat véritablement magique, surtout lorsque le soleil l’éclaire de ses rayons mobiles, et lui fait projeter ses ombres sur les parties lisses et circulaires des rotondes sur lesquelles il se dessine.

Quant à l’intérieur de la chapelle haute, il est d’une richesse, d’une magnificence vraiment royale. La sculpture d’ornement et de figure, les marbres, les bronzes dorés y rivalisaient avec les belles formes architecturales pour ne faire une espèce de sanctuaire des arts. Des caissons répartis dans la voûte de la coupole, comme dans celle des trois grandes niches, qu’un jour doux éclaire par le haut : des rosaces, des cases, des fleurs de lys ornées distribuées dans les métopes de la frise ; un autel en marbre orné de bronze doré, des crédences aux deux côtés de l’autel, également en marbre avec ornemens en bronze doré, des bénitiers semblables, placés sous le porche, des candélabres en bronze répartis dans les niches creusées sur les parois de l’édifice pour servir aux cérémonies du soir, sont autant d’objets qui témoignent du talent de M. Plantar, sculpteur, de M. Delafontaine, ciseleur, et, avant tout, de M. Fontaine, sur les dessins duquel ces productions de l’art ont été exécutées. Il en est de même des bas-reliefs qui décorent les quatre pendentifs de la coupole et de celui placé au dessus du porche intérieur, qui nous ajoutent un nouveau titre à la réputation, dont jouit M. Gérard. Quant aux deux groupes du Roi et de la Reine dont notre gravure rend compte quoiqu’ils ne soient point encore exposés, le moment n’est peut-être pas éloigné où le public pourra les juger. En attendant, nous pouvons assurer qu’ils répondront à ce qu’on est en droit d’attendre d’hommes aussi habiles que MM. Rosio et Cortot, à qui l’exécution en est confiée.


Planche 71


Détails.


Nous donnons sur cette planche un détail de l’ordre intérieur et de l’ordre extérieur de la chapelle. Un autre détail de l’élévation géométrale de la façade d’enceinte : l’un des quatre dessus de porte intérieure du vestibule, ainsi que deux des quatre bas-reliefs pendentifs : ceux qui se rapportent aux stances suivantes : Ecce Agnus Isei ; — O salutaris Hostia.


Planche 72


Détails.


Sur cette dernière planche nous avons gravé les deux autres pendentifs de M. Gérard : Hi tres unum suntSivis ad vitam ingredi, serva mandata, et le bas-relief placé au dessus du porche intérieur de la chapelle, où il a représenté la translation à Saint-Denis des restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette : enfin le groupe, par M. Bosio, de Louis XVI appelé à l’immortalité, et celui, par M. Cortot, de Marie-Antoinette soutenue par la Religion.

Il est encore d’autres détails intéressans que nous aurions voulu donner, tels que les grilles en bois doré du vestibule, la porte pleine, également en bronze doré, de la chapelle royale, l’autel en marbre richement orné de sculptures, aussi en bronze doré, parce que tout, dans cette composition, mérite d’être étudié ; mais la place nous a manquée. Nous donnons cependant l’une des crédences et l’un des candélabres qui sont des modèles précieux en leur genre.