Page:Nourrisson - De la liberté et du hasard, 1870.djvu/294

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ce qui est produit est imparfait au moment même où il est produit ; il n’est donc pas possible que l’homme naisse vertueux. Ce n’est pas que la nature ne contribue en rien chez l’homme à l’acquisition de la vertu ; c’est d’elle, au contraire, qu’il tient la puissance et l’aptitude qui lui permettent d’acquérir la vertu, puissance et aptitude que ne possède aucun autre animal, et par où l’homme l’emporte naturellement sur les autres animaux, quoiqu’en ce qui touche les avantages du corps il leur soit inférieur. Que si d’ailleurs nous tenions de la nature l’aptitude à la vertu, en ce sens qu’avançant à la fois en vertu et en âge, la vertu fût en nous ce qu’est en nous la faculté de marcher, ou la pousse des dents, ou la pousse de la barbe, ou toute autre qualité naturelle, alors non plus les vertus ne seraient pas en notre pouvoir, de même que n’est en notre pouvoir aucune des choses que nous venons d’énumérer. Mais ce n’est pas de cette manière que nous acquérons les vertus. Si, en effet, comme les autres dons de la nature, la prudence et la vertu étaient innées aux