Page:Nouvelle revue germanique, tome 9, 1831.djvu/171

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C’est aussi par cette raison qu’ils craignent tant la mort, et souffrent tous les affronts. Ils ne connaissent rien qui soit au-dessus des jouissances matérielles.

Ô Bellarmin ! Le peuple qui vénère le beau, qui l’honore dans ceux qui le produisent, est animé d’un esprit généreux. L’ame s’ouvre, l’amour-propre disparaît, les cœurs se dilatent et l’enthousiasme fait des héros. La terre occupée par ce peuple est la patrie commune de tous les hommes, et l’étranger y vient en toute confiance. Mais là où la divine nature est outragée comme chez vous, la vie n’a plus de charme, et toute autre planète est préférable à la terre. Les hommes créés à l’image de Dieu deviennent de jour en jour plus misérables, plus hideux ; la servilité s’empare des cœurs ; la force brutale l’emporte ; les désirs augmentent avec les peines et la détresse avec les raffinements du luxe ; les présens de la terre se changent en malédictions et Dieu retire sa grâce à lui.

Malheur à l’étranger qui arrive chez ce peuple avec une ame ardente ! Trois fois malheureux celui qui, comme moi, poussé par sa douleur, viendrait lui demander un asyle !

C’en est assez ! tu me connais, tu pardonnes mon aigreur. N’ai-je pas aussi parlé en ton nom ? N’ai-je pas parlé pour tous ceux qui souffrent, comme moi, dans ce pays ?


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