nous le considérons comme notre propre fils, et nous n’épargnons ni soins, ni efforts, pour lui donner une forte éducation, et en faire bientôt un homme. Portez-vous bien et écrivez-nous souvent. Adieu, cher Cornélis.
Le porteur des présentes s’est offert à moi si à propos, il m’a paru si fidèle et si sûr, il vous est si bien connu, mon Révérend, que je n’ai plus du tout besoin d’écrire les longues et volumineuses lettres que je me proposais de vous envoyer. Il vous exposera largement chaque chose et avec tous les détails. Au reste, veuillez croire à mon amitié ; autant que vous le voudrez, à tout instant, et en tous lieux, mon dévouement et ma fidélité ne vous feront jamais défaut.
Votre commère se recommande instamment à votre Révérence. Pour le petit Haymon, nous savons qu’il vous est si cher qu’il n’est pas besoin de plus de recommandations. Puissions-nous un jour vous payer un peu de retour pour tous les services que vous nous rendez. Portez-vous bien.
Vous vous étonnerez sans doute, cher Cornélis, de ce qu’au milieu de cet immense globe qui nous emporte dans son vaste tour nous puissions avoir assez de confiance en nous-même pour harceler ainsi de nos lettres votre grandeur et votre gloire, dont le souvenir nous fascine et nous entraîne à une noble émulation. Car votre gloire est telle que les cieux en sont remplis et que les bornes infinies des pôles ne sauraient la contenir.
Aussi non seulement je ne puis m’empêcher de vous chérir et de vous aimer, mais (et cela sans passer pour un vil adulateur) je vous admire, vous honore et vous vénère comme une divinité descendue du Ciel. Comme
- ↑ La vie de Blancherose, médecin, né en Franche-Comté, n’est pas très connue. À l’époque où il correspondait avec Agrippa, il était médecin à Annecy. En 1526, il alla à Lyon visiter son ami Agrippa.