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DES POÈMES D’OSSIAN.

que Trenmor[1], bisaïeul de Fingal, fit aux Druides qui voulaient le renverser de la magistrature suprême ; qu’on se rappelle leur destruction, le discrédit et l’oubli où tombèrent après eux leurs cérémonies religieuses ; et l’on comprendra que Fingal, intéressé à leur perte, ait partagé contre eux la haine et le mépris publics ; qu’Ossian son fils n’ait point cherché à les relever dans l’esprit du peuple, en rappelant dans ses poèmes les rites d’un

  1. La forme du gouvernement chez les Celtes était un mélange d’aristocratie et de monarchie, comme dans tous les pays où les Druides jouissaient de l’autorité suprême. Leur magie et leur divination, leur prétendu commerce avec le ciel joint à leurs connaissances étendues, leur avaient gagné une très-haute réputation parmi le peuple. Ils en profitèrent pour s’emparer peu à peu de la direction souveraine de toutes les affaires civiles aussi bien que religieuses. Des chefs étaient nommés pour faire exécuter les lois, mais le pouvoir législatif reposait entièrement entre leurs mains ; c’était par leur ordre que tes tribus, au jour du danger, se réunissaient sous un seul chef. Ce roi temporaire ou Vergobrète était choisi par eux, et il se démettait de ses pouvoirs à la fin de la guerre, comme les dictateurs chez les Romains. Les Druides jouirent longtemps de ce privilége extraordinaire parmi les nations celtiques. C’est dans le deuxième siècle que leur pouvoir commença à décliner chez les Calédoniens. Les traditions concernant Trathal et Cormac, ancêtres de Fingal, sont remplies de particularités relatives à leur chute.

    Les guerres continuelles des Calédoniens contre les Romains, empêchèrent la noblesse d’entrer, comme auparavant,