Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/132

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La biologie, notamment est invoquée à tout propos à l’appui des utopies anarchistes. C’est elle qui nous montre chez les êtres vivants le spectacle de « l’autonomie dans l’harmonie » et nous invite à réaliser cet idéal dans les sociétés humaines. C’est elle qui nous suggère l’idée égalitaire de l’équivalence des fonctions et des organes dans l’organisme biologique et, par analogie, dans l’organisme social. L’idéal vague d’évolution intervient comme un deus ex machina pour résoudre les difficultés. — C’est également du progrès de la science qu’on attend le bien-être futur de l’humanité. Le progrès scientifique et mécanique engendrera un tel regorgement de richesses que la « prise au tas » suffira comme moyen de répartition[1].

Il va de soi que l’individualisme ne retient rien de ces rêveries pseudo-scientifiques. Pour l’individualiste, la Science n’existe pas ; il existe seulement


    tinue M. A. Veydaux, fonctionnera de l’individu aux groupes polymorphes, occasionnels, mobiles ; du groupement au faisceau de groupements homologues et équivalents, fédérations ou corporations, et ainsi de suite jusqu’à l’extrême association ; ce sera le libre jeu des individualités ; ce sera la variété dans l’unité ; car c’est le spectacle public de l’Harmonie naturelle, c’est la loi de l’Évolution ; c’est la condition sine qua non de l’existence des sociétés humaines. » Plus loin le théoricien se transforme en poète (?) :

    Tous bateaux ont bien libre jeu en même port,
    Pesant sur l’eau d’un proportionnel effort,
    Par le gros vaisseau l’esquif est-il étouffé ?

    (La Plume, mai 1893.)

  1. C’est ce communisme fainéant que Lafargue flétrissait par avance dans son fameux pamphlet du Droit à la Paresse.