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II

AMITIÉ ET SOCIALITÉ


Je prends ici le mot socialité dans le sens très général que lui donnent certains auteurs qui l’ont mis à la mode[1]. Socialité est ici synonyme d’association, solidarité, altruisme ; il désigne le fait de se grouper, de se tasser, de s’agglomérer ; il désigne encore par suite l’ensemble des sentiments auxquels ce rapprochement donne naissance dans la conscience des unités composantes.

Il nous a semblé utile d’insister un peu sur les rapports de l’amitié et de la solidarité. Les effets de l’une et de l’autre ne doivent pas être confondus, bien qu’ils l’aient été quelquefois. Un exemple de cette confusion, se trouve dans le livre de Sir John Lubbock : Le bonheur de vivre. Parlant des bienfaits de l’amitié, Sir John Lubbock reproche à Émerson de les avoir méconnus et d’avoir calomnié l’amitié. « Je ne comprends pas, dit-il, l’idée d’Émerson pour qui les hommes s’abaissent en se réunissant. » Ailleurs, du reste, il répète : « Presque tout le monde descend en s’assemblant… Toute association doit être un compromis et, ce qui est pire, la fleur même et l’arôme de la fleur de chacun des beaux caractères disparaissent

  1. Par exemple M. de Roberty.