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G. PARIS

le cadre de l’épisode qu’il a ajouté au thème primitif. Quant au stratagème à la fois infâme et naïf qui constitue la forme même de la machination employée contre l’impératrice, il se retrouve dans plus d’une de nos chansons de geste[1], et c’est

    A. Morel-Fatio, Romania, t. II, p. 132, et les études de M. Ad. Mussafia auxquelles il renvoie. Les références données par M. Œsterley dans son édition des Gesta Romanorum (au no 249) sont très insuffisantes. Voyez encore Kr. Nyrop, Storia dell’epopea francese, traduzione di Eg. Gorra (Florence, 1886), pp. 210–212.

  1. Voici ces chansons : 1o Florent et Octavien, dont il existe une rédaction (inédite) du xive siècle en alexandrins (de laquelle dérive une version en prose qui a été traduite en allemand) et une rédaction abrégée en octosyllabes publiée par M. Vollmöller (Heilbronn, 1883 ; de là dérive le poème anglais publié par M. Sarrazin, Heilbronn, 1885) ; à une forme plus ancienne de la chanson appartient l’histoire de Drugiolira dans le vieux roman italien de Fioravante, incorporé plus tard aux Reali di Francia (voy. Rajna, I Reali di Francia, t. I, pp. 74 et suiv.). Ici c’est la belle-mère de l’héroïne qui la poursuit de sa haine ; elle décide un garçon à entrer dans son lit pendant qu’elle dort, et prévient son fils, qui entre dans la chambre, tue le prétendu amant et bannit sa femme (dans le Fioravante, elle est d’abord frappée de coups d’épée qui ne lui font pas de blessures, et placée dans une chaudière sur le feu qui ne la brûle pas). — 2o La Reine Sebile, dont il n’existe en vers qu’un fragment du xiiie siècle, mais dont on possède une rédaction en prose et deux versions étrangères, l’une espagnole, l’autre néerlandaise, ainsi qu’une imitation en vers allemands (L’innocente reine de France). Sur un poème sans doute plus ancien reposent le poème franco-italien de Macaire et l’histoire de Belissent qui remplit les premiers chapitres des Nerbonesi d’Andrea da Barberino. Dans la forme primitive de ce roman, le traître, qui est amoureux de la reine, décide un nain à se coucher à cote d’elle et va prévenir le roi, qui entre, tue le nain (dans Macaire c’est le traître qui le tue un peu plus tard) et bannit sa femme (dans la version française c’est le nain lui-même qui s’éprend de la reine et se couche dans son lit). Notons ici que, dans Macaire, la reine, avant d’aller au supplice qu’on lui prépare, se confesse à un abbé, lequel atteste son innocence et réussit au moins à faire que la peine de mort par le feu soit commuée en bannissement. — 3o Olive. Cette chanson existe sous trois formes : une version norvégienne (Karlamagnus Saga, II) d’un poème français perdu : Olive y est sœur de Charlemagne et femme d’un roi Hugues ; un poème français inédit, du xiiie siècle, Doon de la Roche (Sachs, Beitrœge zur Kunde altfranzœsischer… Literatur, Berlin, 1857, pp. 2 et suiv.) ; un roman espagnol en prose (Enrique fi de Oliva, réimprimé à Madrid en 1874 par la Societad de Bibliófilos españoles d’après l’exemplaire unique de Vienne) : dans ces deux dernières versions, Olive est sœur de Pépin et femme du duc Doon. Dans la pre-