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LE


ROMAN DU COMTE DE TOULOUSE[1]

Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,

Le moyen âge romantique n’est pas, comme on l’a quelquefois dit par réaction contre le genre « troubadour » une invention de quelques rêveurs naïfs, épris, sur des malentendus, d’une époque qu’ils ne connaissaient pas. La haute société française de l’âge féodal a bien réellement conçu un idéal d’héroïsme, de générosité, de courtoisie et d’amour, et cet idéal a trouvé dans la poésie son expression plus ou moins parfaite. Qu’il différât beaucoup de la réalité, c’est ce que nous prouve l’étude de l’histoire ; mais c’est déjà pour la France d’autrefois un honneur de l’avoir conçu, de l’avoir aimé, de l’avoir exprimé, et de l’avoir inculqué aux autres nations. Si l’on doit surtout juger une société par ce qu’elle est, il faut aussi lui tenir compte de ce qu’elle voudrait être : la poésie qu’elle produit spontanément est un élément qu’on ne saurait négliger pour l’apprécier dans ce qu’elle a de plus intime, puisque la poésie, comme l’a dit un poète sincère

  1. Je donne ici le texte, légèrement retouché, de la lecture que j’ai faite à la séance du Congrès des Sociétés savantes tenue à Toulouse le 8 avril 1899. J’y joins les notes qui peuvent seules lui donner quelque valeur pour l’histoire littéraire.