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M. PASTEUR: Je n’ai pas inoculé le sang de l’enfant ; j’ai simplement tenté de le cultiver ; toutes mes cultures ont été stériles. Je sais, d’autre part, que MM. Lannelongue et Maurice Raynaud ont inoculé à des lapins le sang obtenu sur l’enfant vivant par une piqûre de l’extrémité du doigt ; ces inoculations ont été négatives.

[EXPÉRIENCES FAITES AVEC LA SALIVE
D’UN ENFANT MORT DE LA RAGE]

[DISCUSSION À PROPOS DE LA COMMUNICATION DE MM. RAYNAUD ET LANNELONGUE SUR LA TRANSMISSION DU VIRUS RABIQUE DE L’HOMME AU LAPIN ][1]

M. PASTEUR[2] : J’ai été obligeamment averti, le 10 décembre, par M. Lannelongue, de la présence dans son service de l’enfant atteint d’hydrophobie dont M. Maurice Raynaud vient de vous entretenir. Avec la salive, quatre heures après la mort, j’ai inoculé deux lapins qui sont morts en trente-six heures. Dans leur sang se trouvait un organisme microscopique nouveau qui a pu être cultivé dans le bouillon de veau. Cet organisme, que je figure sur le tableau, se présente sous la forme d’un bâtonnet, légèrement rétréci en son milieu, analogue à un 8 il a de millimètre de diamètre et est entouré d’une substance gélatiniforme ayant l’aspect d’une auréole pâle. Dans le liquide de culture, l’auréole disparaît et les bâtonnets se disposent en chapelets de formes variées, qui en contiennent 100, 150 et plus ; lorsque la culture est abandonnée à elle-même, les bâtonnets disparaissent pour faire place à des globules sphériques d’un plus petit diamètre. Les cultures successives de cet organisme ont manifesté leur virulence sur des lapins et des chiens et l’existence constante dans le sang du même organisme. J’ignore absolument les relations de cette nouvelle maladie avec la rage. Ce que j’affirme, contrairement à ce que vient de dire M. Colin, c’est que cette maladie n’est pas la septicémie, et qu’il en est ainsi de la maladie étudiée par MM. Raynaud et Lannelongue. Bien entendu, je ne parle que de la série de leurs essais relatifs à

  1. La Communication de MM. Raynaud et Lannelongue Recherches expérimentales sur la transmission du virus rabique de l’homme au lapin. Bulletin de l’Académie de médecine. 2e sér., X, séance du 18 janvier 1881, p. 61-71, donna lieu à une discussion à laquelle prirent part DUJARDIN-BEAUMETZ, RAYNAUD, PASTEUR, COLIN, J. BERGERON, GUERIN et GOSSELIN. Ibid., p. 71-84. (Note de l’Édition.)
  2. Interventions de PASTEUR dans cette discussion : Ibid., p. 76, 77, 78, 81 et 84.