Page:Pasteur - Œuvres complètes, tome 6.djvu/17

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principal caractère de cette dernière affection consiste en ce qu’elle ne manifeste sa virulence que longtemps après l’introduction de l’agent du mal. Quoi qu’il puisse arriver d’ailleurs, la différence restera profonde entre le cobaye, et le lapin pour la réceptivité de la nouvelle maladie.

Je n’ai pas besoin de faire observer à l’Académie jusqu’à quel point, depuis le commencement de ces recherches, nous sommes préoccupés de la relation possible entre la nouvelle maladie et la rage dont elle paraît provenir. Si les deux maladies ont un lien matériel, puisque la première s’est produite à la suite de l’inoculation de la salive d’un enfant mort de la rage, une foule de circonstances néanmoins les éloignent dans l’apparence. L’une de ces circonstances consiste dans l’absence d’une incubation du nouveau virus avant le moment où, chez le lapin, apparaissent les premiers symptômes de la maladie. Or, un précieux travail de M. Galtier[1], professeur à l’École vétérinaire de Lyon, travail qu’il a soumis à l’Académie des sciences dans le courant de l’année dernière, nous a appris : 1° que les symptômes de la rage du chien, inoculée au lapin, n’apparaissent que de quatre à quarante jours après l’inoculation du virus ; 2° que le lapin mort de la rage ne présente pas de lésions anatomiques de l’ordre de celles ci-dessus indiquées ; 3° que le sang des lapins morts de la rage ne peut communiquer la maladie. Ce n’est pas tout : nous avons inoculé à des chiens la nouvelle maladie, qui a eu pour point de départ la salive de l’enfant mort de la rage, et les chiens, après avoir été tout de suite et tous très malades, sont morts pour la plupart dans l’intervalle de quelques jours et sans manifester les vrais symptômes de la rage mue ou de la rage furieuse, qui sont propres à l’espèce chien. Enfin, nous avons essayé de communiquer la vraie rage du chien, rage furieuse ou rage mue, à des lapins. *Comme dans les expériences de M. Galtier et de M. Nocard à Alfort, il y a eu une incubation de durée variable pour le virus[2]. On le voit, toutes ces circonstances ne permettent pas de

  1. GALTIER. Études sur la rage. Comptes rendus de l’Académie des sciences LXXXIX 1879, p. 444-446.
    *. Le texte du Bulletin de la Société nationale d’agriculture de France cesse, à partir d’ici, d’être conforme aux textes de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine. On en trouvera la fin, à la suite de la présente Communication. (Notes de l’Édition.)
  2. Il est à regretter que nous n’ayons pu encore avoir l’occasion de répéter l’inoculation, au lapin, de la rage prise sur l’homme pendant la vie ou peu d’heures après la mort. Ne se pourrait-il pas que la nouvelle maladie du lapin et du chien fût la rage chez ces deux espèces quand le virus est pris sur l’homme ? On doit considérer, en effet, qu’il existe une assez grande différence entre les quelques faits observés par M. Maurice Raynaud dans sa Note du 27 août 1879 [Sur la transmissibilité de la rage de l’homme au lapin. Comptes rendus de l’Académie des sciences, LXXXIX, 1879, p. 714-716], à l’Académie des sciences, sur le passage