Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire contemporain, 1908.djvu/206

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Nous n’avons pas même besoin de signaler ses autres œuvres ; elles renferment sans doute quelques pièces délicieuses, mais rien de nouveau.

C’est vers 1885 que Verlaine fut reconnu comme leur précurseur par les poêles opposés au Parnasse. Cherchant le secret d’une forme moins raide que celle des parnassiens et plus apte à traduire le rêve, les symbolistes se tournèrent vers l’auteur des Romances sans paroles et le prirent pour maître. Cependant, si Verlaine est sans aucun doute un initiateur du symbolisme, n’en faisons pas un chef d’école. Il ne put jamais s’imposer à soi-même aucune règle. Revenu à Paris après dix années de vagabondage et de basses débauches[1], on le rencontrait, dès le matin, errant de cabaret en cabaret, déjà peu sûr de son pas ; et, lorsqu’il tenait ses assises, c’était dans quelque brasserie de Montmartre ou du quartier latin. Chef d’école, ce poète à face de satyre, ce bohème, cet impulsif n’obéissant jamais qu’à l’impression du moment ? Pouvait-il avoir des disciples, lui qui n’avait aucune discipline ? « Quand je suis malheureux, disait-il, j’écris des vers tristes ; quand je suis heureux, j’écris des vers gais. Et voilà. Je n’ai que mon instinct pour règle. » Toute sa « doctrine », il la résume dans cet alexandrin :


L’art, mes enfants, c’est d’être absolument soi-même.


Pourtant une pièce célèbre de Jadis et Naguère nous donne ce que lui-même appelle son « art poé-

  1. En 1881.