Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire contemporain, 1908.djvu/228

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Lisle et M. de Heredia. Aussi ses premiers recueils[1] sont d’une facture absolument régulière. Presque partout, c’est l’alexandrin, sans autres discordances que celles dont certains parnassiens avaient eux-mêmes donné l’exemple[2]. Quant aux sujets et au mode de composition, nous n’y trouvons rien de proprement symboliste. Et pourtant l’originalité personnelle du jeune poète s’y marque, conformément à l’évolution de notre poésie contemporaine, soit, dans la forme, par la mollesse et la fluidité de l’harmonie, soit, dans les sentiments, même s’il ne fait que tracer un paysage, par je ne sais quoi de doux et de tendre, qui contraste avec la raide austérité des parnassiens.

Dès le recueil suivant[3], où la prosodie a plus de liberté, l’inspiration a aussi plus d’ampleur. Quelques-unes des pièces qu’il renferme, les Deux grappes par exemple, le Voleur d’abeilles, Ariane, le Verger, annoncent déjà ce qui sera bientôt, non plus l’allégorie, mais le symbole. Avec les Poèmes anciens et romanesques, Tel qu’en songe, Aréthuse, M. Henri de Régnier se sépare décidément du Parnasse ; et pour la facture, car il emploie souvent le vers libre, et pour l’inspiration, car il est déjà le poète de l’ombre et du rêve. Signalons en particulier, dans les Poèmes anciens et romanesques, un certain nombre de morceaux, les Scènes au crépuscule, tout à fait exquis par leur élégance gracile, leur sensibilité discrète et

  1. Lendemains, Apaisement, Sites.
  2. Notamment la suppression de la tonique médiane.
  3. Épisodes.