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Sa nature propre le rappproche surtout de Verlaine. Dans le Jardin de l’Infante se trouvent des élégies exquises — Accompagnement, Automne, Musique, À Gabriel Randon, beaucoup d’autres encore — qui sont la meilleure partie du recueil.


Je rêve de vers doux et d’intimes ramages,
De vers à frôler l’âme ainsi que des plumages,
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De vers silencieux et sans rythme et sans trame
Où la rime sans bruit glisse comme une rame[1].


Bientôt las d’une virtuosité éclatante et factice, le poète s’est reproché d’avoir été « chercher du clinquant à la foire » et a voulu « rentrer dans la vérité de son cœur ». Cette vérité, ses élégies nous la ren- dent. Si elles rappellent Verlaine, Albert Samain n’y en est pas moins original, parce qu’il y est sincère ; et elles ont un grand charme de tendresse délicate et dolente.

Tout dernièrement paraissait de lui un nouveau recueil. Aux flancs du vase, qui se compose de vingt-cinq petites idylles dans le goût alexandrin. Il faut en louer l’élégante précision. Cela est bien antique, non seulement par les sujets, mais aussi par la facture. Remarquons du reste que l’auteur, soit pour la langue, soit pour la versification, a toujours, même au début, répudié les licences dont abusait la jeune école. Et cependant ses idylles, quoiqu’elles nous rappellent souvent les imitations parnassiennes de même genre, allient à leur vénusté concise une souplesse bien rare chez les poètes du Parnasse.

  1. Au Jardin de l’Infante, poésie sans titre, p. 67.