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Pensées de Marc-Aurèle



Livre premier


1

Mon grand-père Vérus m’a laissé[1] l’exemple de l’honnêteté et de la patience.

2

Celui de qui je tiens la vie[2] m’a laissé la réputation et le souvenir de sa modestie et de sa fermeté.

3

Ma mère m’a appris la piété et la libéralité, l’éloignement pour le mal, et même pour l’idée de faire du mal. Elle m’a appris, en outre, à être frugal et à m’abstenir d’un train de vie luxueux.

4

Mon bisaïeul[3] m’a appris à ne pas fréquenter les écoles publiques, mais à suivre chez moi les leçons de bons maîtres et à comprendre qu’il ne faut épargner pour cela aucune dépense.

5

Mon gouverneur m’a appris à ne me passionner ni pour les Verts ni pour les Bleus[4], ni pour les Petits ni pour les Longs-

  1. [Ce verbe et les synonymes qu’on en trouvera au début de toutes les pensées de ce livre Ier ont été ajoutés par le traducteur. Ici, Marc-Aurèle récapitule en style de comptable des dettes que nous n’avons pas coutume d’inscrire dans nos comptes : « Reçu de mon aïeul, ceci ; de mon père, cela ; tant de ma mère, et tant de mon bisaïeul. » M. Couat a dû désespérer, s’il conservait en français un tour aussi hardi, de donner une traduction lisible des plus longues pensées du livre. L’effort a été tenté par M. Michaut.]
  2. [Annius Vérus, que le jeune Marc perdit avant de l’avoir pu bien connaître.]
  3. [Catilius Sévérus, consulaire.]
  4. [Couleurs des cochers du cirque, et noms de leurs partisans.]