Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
la guerre des boutons


que pas grand-chose, la mère dit que l’épicier est un filou et une fripouille et cela passe comme ça.

Et puis, enfin, à l’impossible personne n’est tenu. Quand vous aurez trouvé des sous, vous payerez ; si vous ne pouvez pas, tant pis, en attendant on s’arrangera autrement.

Nous avons besoin de sous pour acheter du fourbi ; eh bien ! quand vous trouverez un bouton, une agrafe, un cordon, un lastique, de la ficelle à rafler, foutez-les dedans votre poche et aboulez-les ici pour grossir le trésor de guerre.

On estimera ce que cela vaut, en tenant compte que c’est du vieux et pas du neuf. Celui qui gardera le trésor tiendra un calepin sur lequel il marquera les recettes et les dépenses, mais ça serait bien mieux si chacun arrivait à donner son sou. Peut-être que, plus tard, on aurait des économies, une petite cagnotte quoi, et qu’on pourrait se payer une petite fête après une victoire.

– Ce serait épatant ça, approuva Tintin. Des pains d’épices, du chocolat…

– Des sardines !

– Trouvez d’abord les ronds, hein ! repartit le général.

Voyons, il faut être bien nouille, après tout ce que je viens de vous dire, pour ne pas arriver à dégoter un radis tous les mois.

– C’est vrai, approuva le chœur des possédants.