Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
la guerre des boutons


des gifles qui claquaient, et des sabots qui cassaient, et des gorges qui hurlaient, pif ! paf, pan ! zoum ! crac ! zop !

– Ah traître ! ah lâche ! Et l’on vit des hérissements de chevelures, des armes cassées, des corps se nouer, des bras décrire de grands cercles pour retomber de tout leur élan et des poings projetés en avant comme des bielles et des gigues à terre, se démenant, s’agitant, se trémoussant pour lancer des coups de tous côtés.

Ainsi La Crique, jeté bas, dès le début de l’action, par une bourrade anonyme, tournant sur une fesse, faisait non pas tête mais pied à tous les assaillants, froissant des tibias, broyant des rotules, tordant des chevilles, écrasant des orteils, martelant des mollets.

Lebrac, hérissé comme un marcassin, col déboutonné, nu-tête, la trique cassée, entrait comme un coin d’acier dans le groupe de l’Aztec des Gués, saisissait à la gorge son ennemi, le secouait comme un prunier malgré une nichée de Velrans suspendus à ses grègues et lui tirait les poils, le giflait, le calottait, le bosselait, puis ruait comme un étalon fou au centre de la bande et écartait violemment ce cercle d’ennemis.

– Ah ! Je te tiens ! Nom de Dieu ! rugissait-il, salop ! tu n’y coupes pas, j’te le jure ! t’y passeras ! quand je devrais te saigner, je t’emmènerai au