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la guerre des boutons


– Du lusque[1] ! fit-il ; sept boutons de falzar. Ça, c’est bien, l’ami ! T’auras un coup de baguette en plus pour te remercier, ça t’apprendra à narguer le pauv’ monde ; tu sais on n’est pas chien non plus à Longeverne, pas chien de rien, pas même de coups de trique. Ce qu’il va être content, le premier de nous qui sera chopé, d’avoir une si chouette paire de bretelles ! Merde ! j’ai quasiment « d’envie » que ça « soye » moi !

Pendant ce temps, le pantalon, désustenté de ses boutons, de sa boucle et de ses crochets, dégringolait sur les bas déjà en accordéon.

Le tricot, le gilet, la blouse et la chemise furent à leur tour échenillés méthodiquement ; on trouva même dans le gousset du « mecton » un sou neuf qui alla, dans la comptabilité de Tintin, se caser au chapitre : « Réserve en cas de malheur. »

Et quand plusieurs inspections minutieuses eurent convaincu les guerriers de Longeverne qu’il n’y avait plus rien, mais rien de rien à gratter, qu’on eut mis de côté pour Gambette, qui n’en avait pas, le couteau de l’Aztec, on se décida enfin avec toute la prudence désirable à délier les mains et les pieds de la victime. Il était temps.

L’Aztec écumait sous son bâillon et, tout vestige de pudeur éteint par la souffrance ou étouffé par la colère, sans songer à remonter son pantalon

  1. Luxe.