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la guerre des boutons


montant sur le coin du mur où se trouvait la grille de fer entourant le saint lieu.

Il y avait à l’endroit où était le chef une statue de saint (saint Joseph, croyait-il) aux jambes demi-nues, posée sur un petit piédestal de pierre que le hardi gamin escalada en une seconde et sur lequel il se campa tant bien que mal à côté de l’époux de la Vierge. Camus lui tendit à bout de bras le « grimpant » de l’Aztec et Lebrac se mit en devoir de culotter prestement « le petit homme de fer ». Il étendit sur les membres inférieurs de la statue les jambes du pantalon, les recousit par derrière avec quelques épingles et assura la ceinture trop large et fendue comme on sait, en ceignant les reins de saint Joseph d’un double bout de vieille ficelle.

Puis, satisfait de son œuvre, il redescendit.

– Les nuits sont fraîches, émit-il sentencieusement. Comme ça, saint Joseph n’aura plus froid aux guibolles. Le père bon Dieu sera content et pour nous remercier il nous fera encore chiper des prisonniers.

– Allons nous coucher, ma vieille !

Le lendemain, les bonnes femmes, la vieille du Potte, la Grande Phémie, la Griotte et les autres qui venaient comme d’habitude à la messe de sept heures, se signèrent en arrivant sur la place de l’église, scandalisées d’une pareille profanation :

– On avait mis une culotte à saint Joseph !