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la guerre des boutons


violemment le cou contre la clôture du Grand Coulas.

– Iche-te[1] ! rosse ! gueulait-il en lui tapant du manche de fouet sur les naseaux humides.

Dès qu’il eut dépassé la première maison, Marie sortit enfin le fameux sac et Tintin, vidant ses poches, étala sur le tablier de sa sœur tout le trésor qui les gonflait.

Alors ils introduisirent dans les profondeurs et méthodiquement, d’abord les boutons, puis les agrafes et les boucles et le paquet d’aiguilles soigneusement piquées dans un morceau d’étoffe, pour finir par les cordons, l’élastique, les tresses et la ficelle.

Il restait encore de la place pour le cas où l’on ferait de nouveaux prisonniers. C’était vraiment très bien !

Tintin, les coulisses serrées, levait à hauteur de son œil, comme un ivrogne son verre, le sac rempli, soupesant le trésor et oubliant dans sa joie les punitions et les soucis que lui avait déjà valus sa situation, quand le « tac, tac, tac, tac, tac » des sabots de La Crique, frappant le sol à coups redoublés, lui fit baisser le nez et interroger le chemin.

La Crique, très essoufflé, les yeux inquiets, arriva tout droit à eux et s’écria d’une voix sépulcrale :

  1. Recule-toi.