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la guerre des boutons


Touegueule de le retenir ; il avait depuis ruminé sa petite vengeance et il était en train de mettre son plan à exécution, aidé par son féal et complice Gambette.

Tous deux, dès les sept heures, avaient vu Lebrac avec qui ils s’étaient entendus et qu’ils avaient mis au courant de tout.

L’excuse étant trouvée, ils avaient quitté le village. Se dissimulant pour que personne ne les vît ni ne les reconnût, ils avaient gagné le chemin de la Saute et le Gros Buisson d’abord, puis la lisière ennemie, dépourvue à cette heure de ses défenseurs habituels.

Le foyard de Touegueule s’élevait là, à quelques pas du mur d’enceinte, avec son tronc lisse et droit et poli depuis quelques semaines par le frottement du pantalon de la vigie des Velrans. Les branches en fourche, premières ramifications du fût, prenaient à quelques brasses au-dessus de la tête des grimpeurs. En trois secousses, Camus atteignait une branche, se rétablissait sur les avant-bras et se dressait sur les genoux, puis sur les pieds.

Une fois là, il s’orienta. Il s’agissait, en effet, de découvrir à quelle fourche et sur quelle branche s’installait son rival, afin de ne point s’exposer à accomplir un travail inutile qui les aurait de plus ridiculisés aux yeux de leurs ennemis et fait baisser dans l’estime de leurs camarades.