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la guerre des boutons


demanderait le plus innocemment du monde des explications complémentaires.

– Ça va bien ! ça va bien, répondit-il de même et d’avance à Camus qui s’approchait, le béret à la main.

Allez, dispersez-vous, ou je vous fais rentrer.

Et en dedans il pensait, maugréant : Je ne comprends pas que des parents soient aussi insoucieux que ça de la moralité de leurs gosses pour leur flanquer des spectacles pareils sous les yeux.

C’est une rage. Chaque fois que l’étalon passe dans le village, tous assistent à l’opération ; ils font le cercle autour du groupe, ils voient tout, ils entendent tout, et on les laisse. Et après ça on vient se plaindre de ce qu’ils échangent des billets doux avec les gamines !

Brave homme qui gémissait sur la morale et s’affligeait de bien peu de chose.

Comme si l’acte d’amour, dans la nature, n’était pas partout visible ! Fallait-il mettre un écriteau pour défendre aux mouches de se chevaucher, aux coqs de sauter sur les poules, enfermer les génisses en chaleur, flanquer des coups de fusil aux moineaux amoureux, démolir les nids d’hirondelles, mettre des pagnes ou des caleçons aux chiens et des jupes aux chiennes et ne jamais envoyer un petit berger garder les moutons, parce que les béliers en oublient de manger quand une brebis émet